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L’Inventaire : un outil d’information co-construit

L’élaboration de l’Inventaire national repose sur un travail collectif mené pendant près de 18 mois par l’Andra avec notamment les producteurs de déchets radioactifs et le ministère en charge de l’énergie et de l’environnement. Témoignages.

Damien Dubois

Ingénieur à la direction sûreté, environnement et stratégie filières à l’Andra, en charge de l’analyse des déclarations

« Chaque année, entre janvier et fin juin, l’ensemble des détenteurs de déchets radioactifs doivent en faire la déclaration. Nous recevons environ 1 000 déclarations. Alors que les plus petits producteurs (hôpitaux, universités, laboratoires, etc.) doivent simplement déclarer leurs stocks de déchets radioactifs, les producteurs plus importants (EDF, Orano, CEA, Solvay, CERN, etc.) fournissent des déclarations plus complètes, déclarent également leurs stocks de matières et effectuent des prévisions sur leur stock à venir. Avant de valider une déclaration, nous multiplions les contrôles de cohérence. Par exemple, si des déchets déclarés l’année précédente n’apparaissent plus, nous cherchons à comprendre où, pourquoi et comment ces déchets ont été évacués. Nous analysons également la filière de gestion retenue par le producteur.

Nous pouvons prendre contact avec le déclarant pour mieux appréhender sa situation et l’accompagner dans sa déclaration afin qu’elle soit conforme aux exigences réglementaires. Notre rôle est aussi, tout au long de l’année et dans un souci constant d’exhaustivité, d’aller à la recherche des producteurs que nous n’aurions pas encore identifiés. »

 

Sophie Missirian

Chargée d’affaires sur les dossiers institutionnels du cycle du combustible - division combustible nucléaire (EDF)

« Pour répondre à cet exercice très rigoureux, nous mobilisons en interne une équipe d’une quinzaine de collaborateurs (contributeurs et vérificateurs) issus de différentes divisions d’EDF (combustibles nucléaires, déconstructions et déchets, etc.). Je suis la correspondante pour les matières et j’ai un homologue pour les déchets. Fournir l’état des stocks et des flux de matières et déchets radioactifs est un travail conséquent et nous sommes très bien préparés pour l’anticiper. Dès l’automne, nous commençons à réunir les informations dont nous aurons besoin. Le travail de rassemblement, de croisement et de vérification des données s’étale jusqu’en juin.

En 2018, nous avons beaucoup travaillé en amont sur l’élaboration et l’harmonisation des hypothèses des scénarios prédictifs. Un travail qui s’effectue au sein de groupes de travail, sous la houlette de l’Andra, et en collaboration étroite avec les autres producteurs. L’exercice est très intéressant pour nous. Il nous permet d’avoir un éclairage sur ce qui peut se passer dans les décennies à venir. Nous sommes dans un secteur où chaque modification de la stratégie peut avoir un impact sur les matières et déchets produits. Or, l’Inventaire permet d’avoir une vision des stocks français consolidée, harmonisée et partagée par tous. C’est aussi un gage de transparence. Et d’année en année, nous sentons que la volonté de pédagogie et de précision est toujours plus importante. »

 

Aurélien Louis

Ministère de la Transition écologique et solidaire, direction générale de l’Énergie, sous-direction de l’Industrie nucléaire (DGEC)

« La DGEC prépare et met en oeuvre les décisions du gouvernement relatives au secteur du nucléaire civil et, notamment, la politique de gestion des matières et déchets radioactifs. À ce titre, elle élabore conjointement avec l’ASN et dans le cadre d’un groupe de travail pluripartite le Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs (PNGMDR). La DGEC vérifie avant tout que l’élaboration de l’Inventaire national permette la définition de solutions robustes de gestion des matières et des déchets, ce qui passe par une prise en compte des attentes et des exigences défi nies par le PNGMDR. Elle a ainsi veillé à ce que les scénarios prospectifs de l’Inventaire national répondent bien aux attentes du PNGMDR.

Les données de cette édition 2018 permettent d’ores et déjà d’alimenter le contenu du dossier du maître d’ouvrage, document support au débat public qui va se tenir dans les prochains mois dans le cadre de la préparation de la nouvelle édition du PNGMDR. Ce débat public pourrait mettre en lumière des attentes de la société civile concernant la définition de solutions de gestion résilientes à différents scénarios de politique énergétique. L’Inventaire national doit ainsi à mon sens être considéré comme un outil évolutif, capable de s’adapter aux enjeux de la gestion des matières et déchets. De nouvelles orientations concernant la définition des scénarios prospectifs pour la prochaine édition de l’Inventaire national pourraient notamment être définies. »