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Une collaboration Inserm-Andra pour améliorer la gestion des déchets radioactifs

Au-delà du secteur électronucléaire, les propriétés de la radioactivité sont utilisées aussi bien dans l’industrie, la médecine, la recherche ou la défense. Ils sont plus de 1000 producteurs de déchets radioactifs pour lesquels l’Andra assure un stockage définitif sur ses centres. Mais sa mission ne s’arrête pas là : de la collecte au traitement des déchets en passant par la formation du personnel, l’Agence assure un accompagnement adapté pour ces producteurs. Portrait de l’un d’entre eux : l’Inserm.

L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) réunit 15 000 chercheurs, ingénieurs, techniciens et personnels administratifs autour d’un objectif commun : améliorer la santé par le progrès des connaissances sur le vivant et sur les maladies, l’innovation dans les traitements et la recherche en santé publique. Depuis sa création en 1964, l’Inserm a participé à des avancées médicales historiques ; il accompagne aujourd’hui les évolutions des sciences de la vie et de la santé (voir encadré).

 

le cyclotron de Cyceron

Des usages divers de la radioactivité

« Nous utilisons la radioactivité dans le cadre de nos activités de recherche au service de la médecine, dans les laboratoires de radiobiologie, notamment pour visualiser l’intérieur du corps grâce à l’imagerie TEP(1) ou lutter contre les cancers avec la radiothérapie métabolique, explique Marie-Lène Gaab, chargée de mission radioprotection à l’Inserm. Cyceron(2), par exemple, regroupe un ensemble unique de laboratoires et d'équipements, dont un cyclotron(3), des IRM, ou encore des tomographes qui permettent de visualiser en 3D l’activité métabolique ou moléculaire d'un organe grâce à un traceur radioactif préalablement injecté. Nous privilégions l’utilisation de radioéléments dont la période radioactive est inférieure à 100 jours pour pouvoir gérer les déchets en décroissance sur nos sites jusqu’à ce qu’ils ne soient plus radioactifs. Nos activités de recherche produisent quelques déchets de très faible activité (TFA) qui doivent être pris en charge par l’Andra sur son Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires), dans l’Aube. »

 

Local déchets de Cyceron

Une démarche globale mais adaptable

Comme les différentes unités de l’Inserm sont réparties sur l’ensemble du territoire, l’Institut a décidé en 2014 de lancer une démarche, en collaboration avec l’Andra, afin de faciliter la prise en charge de ces déchets TFA, tout en s’adaptant aux spécificités de chaque site. « Le volume de déchets est variable, il dépend des recherches en cours. Nous restons toutefois toujours dans la catégorie des petits producteurs de déchets : 80% des laboratoires produisent 1 à 2 fûts par an, voire tous les 4 ans ; Cyceron, du fait de son cyclotron et de ses laboratoires de chimie, produit 10 à 15 fûts par an », précise Marie-Lène Gaab.

La démarche initiée par l’Inserm a permis le développement d’outils pour faciliter la prise en charge des déchets radioactifs. « Nous développons actuellement une application qui permet d’inventorier les fûts, d’en gérer le remplissage, d’en assurer la traçabilité et de remplir automatiquement la demande d’enlèvement de l’Andra. Par ailleurs, à Cyceron, nous disposons depuis 2017 d’un nouveau local pour une gestion ergonomique et sécuritaire des déchets avec des outils adaptés : appareils de mesure, bacs de rétention pour le conditionnement et le stockage des fûts de liquide, systèmes d’entonnoirs adaptés et dédiés, système de ventilation en dépression pour permettre le confinement de la radioactivité... », explique Marie-Lène Gaab.

 

Réunion de partage sur les déchets activés

Un accompagnement sous différentes formes

L’Andra accompagne également l’Inserm pour l’aider à appliquer les évolutions des règles de fabrication des colis de déchets radioactifs afin qu’ils puissent être acceptés en toute sureté sur les centres de stockage. « Cela se traduit par de nombreux échanges lors de séminaires de recherche de l’Autorité de sûreté nucléaire, de réunions des réseaux régionaux des personnes compétentes en radioprotection, mais aussi lors de points réguliers avec les unités de l’Inserm », complète Christophe Dumas, l’interlocuteur de l’Inserm à l’Andra.

Pour les déchets radioactifs dont la problématique de gestion est plus complexe, des experts en provenance de diverses unités de l’Inserm participent à des groupes de travail pilotés par l’Andra. « L’Inserm est par exemple partie prenante d’un de ces groupes de travail qui pour but de définir une méthodologie et d’harmoniser les pratiques des producteurs de déchets radioactifs sur la gestion des pièces activées(4) », explique Christophe Dumas.

L’Inserm peut donc se concentrer sur son activité principale : la recherche sur la santé humaine. « Nous savons que pour ce type d’organisme composé de multiples unités et qui utilise les propriétés de la radioactivité, la gestion des déchets radioactifs n’est pas une tâche facile. Cette expertise n’est pas leur cœur de métier alors même que les règles de sûreté pour accueillir les colis de déchets sur nos centres de stockage sont très strictes. Aussi nous essayons de les accompagner au mieux pour faire face à cette problématique », conclut Christophe Dumas.  

 

 

(1) Tomographie par Émission de Positons.
(2)Cyceron est la plateforme d’imagerie médicale, labélisée Inserm (entre autre) et implantée à Caen.
(3)Le cyclotron est un accélérateur de particules qui permet de la production d’isotopes radioactifs utilisables dans le cadre de procédés d’imagerie médicale.
(4)Les déchets activés proviennent des matériaux des installations soumis au rayonnement des accélérateurs de particules.

 

 

 

L’Inserm, acteur majeur de recherche sur la santé humaine

Premiers tests de diagnostic prénatal, première fécondation in vitro, identification du virus du sida, radiothérapie contre le cancer, première greffe de peau, thérapie génique… Depuis sa création en 1964, l’Inserm a contribué à de nombreuses avancées médicales pour améliorer la santé humaine. Coordinateur de la recherche dans ce domaine, l’Institut dispose de plus de 350 structures réparties sur l’ensemble du territoire français et à l’étranger. Il travaille en étroite relation avec les hôpitaux, les universités, mais également d’autres établissements publics, dont l’Andra pour ce qui concerne la gestion de ses déchets radioactifs.