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Archiviste à l’Andra : un poste clé pour conserver la mémoire

Pour sélectionner, conserver et transmettre la mémoire de ses centres de stockage, l’Agence a établi une solution mémorielle dite de référence. Elle s’appuie notamment sur le travail minutieux des archivistes. Rencontre.

Chaque jour depuis 2009, Sophie Loisy, archiviste à l’Andra, collecte, classe, décrit, conserve et met à disposition du personnel de l’Agence qui en fait la demande les archives liées aux activités de ­­l’Andra. « Ces archives classiques sont conservées telles qu’elles ont été produites par les différents services de ­l’Andra. Mais en parallèle, nous avons engagé un travail de sélection et de structuration très précis pour transmettre au plus large public possible, des ingénieurs aux riverains du futur, la mémoire de nos centres, explique Sophie Loisy. C’est ce qu’on appelle la solution de référence. »

Ce besoin de préserver la mémoire des sites de stockage est apparu dans les années 1980 lorsque ­l’Andra a commencé à préparer la fin de l’exploitation du Centre de stockage de la Manche (CSM). Depuis, le CSM est devenu le site pilote pour la mise en œuvre de cette solution basée sur une multitude de dispositifs de mémoire active (lire encadré) et trois dispositifs archivistiques de mémoire passive. « Et pour ces trois derniers, le métier d’archiviste a toute son importance », poursuit Sophie Loisy. 

 

Transmettre les informations nécessaires sur le temps long

Le premier, baptisé « dossier détaillé de mémoire », se compose à l’heure actuelle pour le CSM d’environ 11 000 documents destinés aux ingénieurs ou techniciens de demain « pour comprendre comment on a travaillé à l’époque, comment on a stocké les déchets radioactifs, quels étaient ces déchets, et si besoin, intervenir sur le centre dans les meilleures conditions ». Ces informations sont imprimées sur du papier permanent et dupliquées en deux exemplaires puis conservées sur le centre de stockage concerné et aux Archives nationales. 

Mais les archivistes de l’Andra constituent aussi un « dossier synthétique de mémoire ». « Alors que le dossier détaillé va représenter plusieurs mètres linéaires d’archives, le dossier synthétique représente un volume de données plus restreint, composé de trois niveaux autoporteurs, dans lequel on va compiler des informations essentielles diffusables à un large public : une “ultra-­synthèse” (une page recto-verso), un dossier de quarante pages (conception du centre, nature et inventaire des déchets stockés, dispositifs de sûreté, risques résiduels à long terme…) et des fiches repères », décrypte l’archiviste de l’Andra. 

Quant au troisième dispositif archivistique, il n’est pas encore mis en œuvre. Il s’agira de demander l’autorisation d’inscrire l’emprise foncière du CSM au cadastre, ainsi que d’établir des servitudes : un plan territorial créé à l’époque napoléonienne dans sa forme actuelle mais dont l’origine remonte à ­l’Antiquité et aujourd’hui encore utilisé et conservé dans les centres d’archives départementales pour préserver la mémoire.

La mise en œuvre de la solution de référence demande donc beaucoup de temps et de rigueur. C’est pourquoi elle est déjà en cours de constitution sur le Centre de ­stockage de l’Aube (CSA) depuis 2005. Pour Sophie Loisy, « être en posture de construire la mémoire est vraiment responsabilisant et enthousiasmant ».

 

Qu’est-ce que la mémoire active ?

La mémoire active consiste à faire vivre et à préserver la connaissance des centres de stockage. Elle s’appuie localement, d’une part sur l’organisation d’expositions, de visites du site ou d’actions de parrainages des associations ou acteurs locaux et, d’autre part, sur l’existence d’un « groupe mémoire » chargé de se réunir régulièrement. Elle est complétée par d’autres actions, aux niveaux national et international : échanges avec les médias, production de supports divers par l’Andra.