Aller au contenu principal

Avant le stockage : des conditions de fabrication très strictes des colis

Dans ses centres de l’Aube, ­l’Andra prend en charge des déchets de très faible activité, et de faible et moyenne activité principalement à vie courte. Les colis qui contiennent ces déchets répondent à des critères particulièrement exigeants. On parle de « spécifications ». Explications.

Contrôle radiologique d’un colis de déchets radioactifs en béton à son arrivée au CSA

Le Centre de stockage de l’Aube (CSA) comme le Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) sont des installations comprenant un ensemble d’équipements et composants conçus pour répondre aux enjeux de sûreté et de protection de l’homme et de l’environnement. « Sur le CSA, on parle d’éléments importants pour la protection (EIP). Ces derniers doivent donc être conçus, fabriqués et maintenus avec le plus grand soin. Et dans le cadre du stockage, le colis est identifié comme un EIP », explique Éric Lanes, chef du service acceptations et spécifications colis à ­l’Andra. 

Des centaines de pages de spécifications

Pour jouer son rôle et confiner la radioactivité, le colis doit d’abord être étanche. Il doit aussi être  résistant car, une fois stocké, d’autres seront empilés au-­dessus et la charge ne devra en aucun cas fragiliser le colis pendant 300 ans au moins. Il devra également résister aux alternances de saisons et aux périodes de gel et dégel associées. Par ailleurs, les colis de déchets radioactifs ­stockés par ­l’Andra dans ses centres ont une particularité : ils sont fabriqués par des acteurs très divers sur des installations nucléaires, ou encore dans le cadre d’opérations d’assainissement et de démantèlement.

Pour que chaque colis reçu et stocké soit conforme, ­l’Andra a donc mis en place un processus très précis. « Pour commencer, nous avons écrit tout ce que nous exigeons des colis et de leurs composants dans des documents appelés spécifications. Cela représente des centaines de pages, décrit Eric Lanes. Nous exigeons par exemple que le béton renfermant des déchets de faible et moyenne activité ait des propriétés physico-chimiques très spécifiques. » Les spécifications n’ont pas uniquement trait à la protection des populations et de l’environnement dans le temps. Certaines concernent la masse totale des colis par exemple. Ils ne doivent pas excéder, sauf exception, une certaine charge afin qu’ils puissent être stockés par les opérateurs et outils industriels de ­l’Andra. 

 

Une grande variété de colis selon le type de déchets

Les spécifications rédigées par ­l’Andra pour la fabrication de colis donnent des critères d’enveloppe et de composants différents selon le type de déchets qu’ils renferment. Ainsi, au total, il existe plusieurs dizaines de types de colis.

Une grande majorité des déchets TFA stockés au Cires sont simplement rassemblés dans des grands sacs en toile appelés big-bags, d’autres sont contenus dans un caisson métallique  qui sera rempli de sable ou de mortier. Sur le CSA, qui réceptionne et stocke  des déchets de faible et moyenne activité principalement à vie courte (FMA-VC),  le colis peut être un cylindre en béton ou un fût métallique, eux-mêmes remplis de béton ou de mortier.

3 étapes clés avant stockage

Stockage de colis FMA-VC au Centre de stockage de l'Aube

« Une fois les exigences d'un colis conforme précisées en détails, ­l’Andra va procéder en plusieurs étapes avant d’accepter les colis sur ses sites de stockage », poursuit Éric Lanes. 

Chaque producteur va d’abord devoir établir un colis type par catégorie de déchets. Une sorte de prototype pour lequel il va selectionner les composants appropriés et auquel il va faire subir une série de tests. Une épreuve de résistance à la chute par exemple. « Une fois qu’il pense avoir conçu un type de colis conforme à nos spécifications, il nous envoie alors un dossier de demande d’approbation sur la base duquel nous vérifions qu’effectivement toutes les propriétés que nous attendons sont au rendez-vous. Et si c’est le cas, nous validons le concept. Mais ce n’est qu’une première étape », explique le chef du service acceptations et spécifications colis à ­l’Andra.

Après la phase d’approbation vient en effet la phase d’autorisation. Dans ce cadre, les équipes de ­l’Andra se déplacent sur le site du producteur où seront conditionnés les déchets. Ils vont s’assurer que les équipes sont formées, les équipements adéquats, les matériaux disponibles et identiques à ceux décrits dans le dossier, et les processus de contrôle établis.

Puis, quand l’autorisation est donnée, vient une troisième étape clé : l’acceptation. À ce moment-là, le producteur déclare informa­tiquement à ­l’Andra le colis de déchets avant de l’expédier. De cette manière, l’outil informatique, paramétré pour contrôler que chaque catégorie de colis répond aux caractéristiques requises, permet de s’assurer que le colis en question appartient bien à telle famille approuvée, qu’il contient bien les déchets admissibles, qu’il respecte le poids indiqué… Si ce n’est pas le cas, le système bloque l’expédition.  

À ce processus d’approbation, autorisation, acceptation s’ajoutent ensuite d’autres contrôles réalisés par l’Andra chez les producteurs lors d’inspections annuelles.

Transport, une dernière étape très suivie

Contrôle radiologique sur un camion de déchets de très faible activité à son arrivée au Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage

Pour leurs livraisons sur les sites de l’Aube, les colis doivent être transportés. Et là encore, la règlementation est très stricte. Si les industriels de la filière électronucléaire (Orano, EDF, le CEA) organisent et choisissent eux-mêmes leurs modes de transport et leurs transporteurs spécialisés, les autres producteurs s’en remettent à ­l’Andra.

Dans tous les cas, que ce soit par route ou par voie ferrée, les entreprises agréées doivent répondre à un cahier des charges très rigoureux et disposer des équipements requis par la réglementation pour ce type de transport. Les colis de déchets font aussi l’objet de contrôles systématiques à leur départ et dès leur arrivée (vérification des documents administratifs de transport, contrôles radiologiques). Des précautions auxquelles s’ajoutent des contrôles effectués par l’ASN, principalement par des inspections menées sur les sites des producteurs ou de ­l’Andra.

Autant de leviers qui vont permettre à ­l’Andra de garantir que tous les colis qui rentrent sur ses centres de stockage atteignent bien les performances qu’on attend d’eux.

 

Retrouvez notre dossier complet - Garantir la qualité des colis de déchets radioactifs