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Déposer les anciens paratonnerres radioactifs, un process bien encadré

En France, quelques milliers de paratonnerres radioactifs sont perchés sur les toits des églises ou de bâtiments publics, voire d’habitations particulières.  Héritage d’un passé qui leur prêtait une meilleure efficacité, ils sont interdits depuis 1987. S’ils ne présentent pas de risque tant qu’ils restent intègres, leur enlèvement nécessite de bien les identifier et des mesures de précaution. 

Il y a quelques mois, c’est une opération peu banale qui se déroulait dans le village de Montreux-Château (Territoire de Belfort) : l’enlèvement d’un paratonnerre radioactif, installé en 1953, culminant à 30 mètres de haut sur le clocher de l’église. C’est une société spécialisée qui a mené cette intervention, strictement encadrée, en assurant le démontage et le conditionnement. Comme dans ce village, ce sont entre 500 à 600 anciens paratonnerres radioactifs(*) qui sont enlevés chaque année de toits de bâtiments, notamment lors de travaux de démolition ou de rénovation. Mais avant cela, la première étape consiste à bien les identifier. 

Détecter et prévenir le risque

Héritage du passé, ces anciens équipements destinés à protéger les bâtiments de la foudre ont été interdits en 1987. « La présence d’éléments radioactifs – radium 226 ou américium 241 – était censée augmenter la conductivité électrique autour de la pointe du paratonnerre. Pourtant, l’efficacité réelle de cette technique n’a jamais été démontrée », explique Gérald Naigeon. Cet ingénieur a fondé Airvue en 2015. Cette petite entreprise située à Gevrey-Chambertin, près de Dijon, est accréditée pour détecter les foyers de radioactivité. Comment ? À l’aide d’un drone. « Je fixe un compteur Geiger homologué sur un drone pour mesurer le niveau de radioactivité des paratonnerres », détaille l’entrepreneur, qui conseille ensuite les communes ou les propriétaires sur les démarches à mener.

Pour l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), « le risque d’exposition ou de contamination est négligeable, tant que le paratonnerre reste en place, hors de portée et en bon état ». Dans le cas contraire, l’appareil se dégrade au fil du temps et perd son intégrité. La vigilance s’impose, notamment au regard d’un risque éventuel d’exposition pour les antennistes, couvreurs, charpentiers et autres professionnels qui travaillent sur les toits, sans toujours être informés des précautions à prendre. Si la situation est rare, d’anciennes têtes démontées peuvent aussi parfois se retrouver dans des déchetteries, des jardins, des lieux de travail. 

Conditions de radioprotection optimales

En France, la récupération des paratonnerres radioactifs est soumise à conditions et suit un processus spécifique. « L’opération a un certain coût, même si des aides existent pour la prise en charge du paratonnerre », explique le fondateur d’Airvue.

Les détenteurs de paratonnerres radioactifs qui souhaitent s’en débarrasser doivent faire appel à une société agréée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). On en compte une vingtaine aujourd’hui. Ces spécialistes assurent la prise en charge jusqu’à leur enlèvement par l’Andra.  « Cette procédure permet d’effectuer l’opération dans des conditions de radioprotection optimales pour les intervenants et pour le public, précise Nicolas Benoit, responsable assainissement des sites pollués par la radioactivité à l’Andra. Les têtes de paratonnerre radioactifs sont considérées comme des déchets de faible activité à vie longue (FA-VL). Ils sont entreposés provisoirement au Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) de l’Andra, à Morvilliers, dans l’Aube, dans l’attente de la mise en œuvre d’une solution de stockage définitive. »

 

(*) Source IRSN
En savoir plus sur la prise en charge des paratonnerres radioactifs

Que faire si vous avez un objet radioactif ?

Dans les années 1930, la découverte du radium provoque un véritable engouement commercial pour l’atome. Des éléments radioactifs sont utilisés dans la composition d’objets du quotidien. Certains d’entre eux ont atterri dans des collections, des brocantes ou des greniers. Leur dangerosité est plus ou moins importante, selon les objets et leur état.

Il peut s’agir de vieux modèles de montres, boussoles ou réveils phosphorescents dont les aiguilles restent lumineuses dans l’obscurité après deux jours. Ou encore de certaines lampes à incandescence de camping, des fontaines à radium, détecteurs de fumées ioniques, sels naturels de laboratoires, certaines pierres minérales (autunite, pechblende et monazite sont les minéraux radioactifs que l’on retrouve le plus souvent chez les particuliers). Les plus dangereux restent les « objets au radium à usage médical » (Orum), lorsqu’ils sont sortis de leur boîte de protection : aiguilles, tube, gaine, sonde « de Crowe », compresse au radium. Dans tous les cas, il faut les faire enlever en faisant appel à l’Andra, qui les prend en charge la plupart du temps gratuitement. Chaque année, l’Agence collecte environ une centaine d’objets radioactifs.

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