Inventaire national des matières et déchets radioactifs : de quoi parle-t-on ?
À la fois publication de référence sur les matières et déchets radioactifs et outil de pilotage de la politique française pour leur gestion, l’Inventaire national est une des missions de service public de l’Andra.
Le code de l’environnement demande à l’Andra « d’établir, de mettre à jour tous les 5 ans et de publier l’inventaire des matières et déchets radioactifs présents en France ou destinés à y être stockés ainsi que leur localisation sur le territoire national ». Il demande aussi aux responsables d’activités nucléaires de transmettre chaque année à l’Andra l’inventaire complet des matières et déchets radioactifs présents sur leur(s) installation(s).
Sur la base de ces déclarations, l’Andra établit un bilan annuel des stocks et, tous les 5 ans, elle complète ce bilan par des prévisions établies pour différents scénarios prospectifs, fondés notamment sur les orientations de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en vigueur et du plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR). « Avec ces scénarios prospectifs, l’Inventaire apporte une vision complète sur l’ensemble du cycle électronucléaire, de la fabrication du combustible nucléaire à son retraitement et ce que cela peut impliquer pour l’entreposage et le stockage de matières et déchets radioactifs, indique Philippe Loreaux, responsable de l’Inventaire national à l’Andra. Cette vision éclaire la politique énergétique et nourrit la réflexion dans le cadre du PNGMDR, qui émet à son tour des recommandations. C’est un processus itératif dans lequel les allers-retours entre la programmation pluriannuelle de l’énergie, les travaux de l’Inventaire et ceux du PNGMDR s’alimentent et s’éclairent mutuellement. »
Quelques définitions...
- Une matière radioactive est, selon le code de l’environnement, une « substance radioactive pour laquelle une utilisation ultérieure est prévue ou envisagée ». Ainsi, les combustibles usés sont considérés comme des matières puisqu’ils sont susceptibles d’être recyclés.
Les déchets radioactifs, quant à eux, sont des « substances radioactives pour lesquelles aucune utilisation ultérieure n’est prévue ou envisagée ». - L’entreposage désigne un mode de gestion provisoire, tandis que le stockage désigne un mode de gestion définitif des déchets radioactifs.
Un ensemble documentaire
Lorsqu’on évoque l’Inventaire national des matières et déchets radioactifs, il est fait référence à différentes informations : l’état des lieux annuel (Les Essentiels - voir encadré ci-dessous), l’exercice prospectif élaboré tous les 5 ans à retrouver dans le rapport de synthèse, ou encore le site internet sur lequel sont rassemblées toutes ces informations : inventaire.andra.fr. Un catalogue des matières radioactives et un catalogue des familles de déchets radioactifs sont également consultables, ainsi qu’un inventaire géographique qui présente dans chaque région, installation par installation, les déclarations de producteurs et détenteurs décrivant les matières et déchets présents.
Sur le site de l’Inventaire, on trouve également des dossiers thématiques et des explications détaillées sur ce que sont les matières et les déchets radioactifs, leurs provenances, leurs modes de gestion… Enfin, certains de ces documents (rapport de synthèse, Les Essentiels, catalogue des matières) sont aussi disponibles au format papier.
Le saviez-vous ?
Aux côtés de l’édition complète de l’Inventaire, mise à jour tous les 5 ans, l’Andra publie chaque année une mise à jour annuelle des stocks de matières et déchets radioactifs produits en France dans Les Essentiels de l’Inventaire national, dont l’édition 2024 sera prochainement disponible.
Une interface dynamique
Utile à la décision publique, l’Inventaire national est aussi un outil d’information du public, qui présente les données de façon neutre et totalement transparente. « Notre volonté est de mettre en valeur l’information et de la rendre accessible au plus grand nombre », souligne Philippe Loreaux. Le site de l’Inventaire propose ainsi un outil cartographique qui permet de localiser précisément les sites qui produisent des déchets radioactifs et de s’informer sur la nature et le volume de ces matières et déchets. Ainsi, chacun peut connaître, dans le détail et de manière exhaustive, la présence et l’origine des matières et des déchets radioactifs sur l’ensemble du territoire, quel que soit leur état physique ou chimique, conditionnés ou non, liquides ou solides, et leur niveau de radioactivité.
Tous ne proviennent d’ailleurs pas de la filière électronucléaire : le secteur médical, la recherche, l’industrie ou encore la défense peuvent également utiliser les propriétés de la radioactivité dans le cadre de leur activité. L’Inventaire présente la photographie à un instant donné des matières et déchets radioactifs présents sur notre territoire et offre la possibilité d’en suivre l’évolution au fil du temps.
Les centres de stockage de l'Andra
L’Andra exploite trois centres de stockage : le Centre de stockage de la Manche (CSM), qui est en phase de fermeture, le Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) destiné aux déchets de très faible activité (TFA), et le Centre de stockage de l’Aube (CSA) pour les déchets de faible à moyenne activité principalement à vie courte (FMA-VC). Les déchets pour lesquels les solutions de stockage sont encore à l’étude et ou en projet (projet FA-VL ou Cigéo) sont entreposés provisoirement sur leurs sites de production ou dans des installations centralisées.
