L’Andra au service de l'infiniment petit
Élucider les mystères de l’univers, ses origines, son évolution, tels sont les grands défis du CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire. Dans son laboratoire, ses fameux accélérateurs de particules ont permis des avancées notables pour la science. Leur fonctionnement entraîne la production de déchets radioactifs, dont le stockage est en partie assuré par l’Andra.
Situé à cheval entre la France et la Suisse, le CERN est le plus grand laboratoire de physique des particules du monde. Ici, des scientifiques du monde entier travaillent sur des installations hors normes. À l’aide d’accélérateurs de particules et d’immenses détecteurs, les physiciens du CERN étudient les constituants fondamentaux de la matière, pour mieux comprendre l’origine de l’univers. Avec 27˙km de circonférence, le grand collisionneur de hadrons (LHC) du CERN est ainsi le plus puissant accélérateur du monde. Cet ouvrage souterrain impressionne tant par ses dimensions que par les avancées scientifiques qu’il a permis d’engendrer… notamment la découverte d’une particule élémentaire qui a valu aux théoriciens François Englert et Peter Higgs le prix de Nobel de physique 2013.
D’où proviennent les déchets radioactifs du CERN ?
L’exploitation des accélérateurs du CERN et les expériences qui y sont menées occasionnent la production de déchets radioactifs, notamment des déchets de très faible activité (TFA) et de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC). « Ces déchets proviennent essentiellement des opérations de maintenance préventive et corrective. La majeure partie est constituée de composants, principalement métalliques, de filtres à air ou encore de déchets technologiques (gants, combinaisons, etc.).
Il y a également une quantité importante de câbles, qui servent par exemple à alimenter les accélérateurs en courant électrique. Sans oublier les déchets de démantèlement, comme les bétons des murs ou des sols, lors de la modification ou du remplacement des expériences », explique Gérald Dumont, chef de la section de gestion des déchets radioactifs au CERN.
Selon un accord tripartite, signé en 2010, entre la France, la Suisse et le CERN, les déchets radioactifs produits par l’organisation sont pris en charge par les deux pays hôtes, selon les fi lières mises en place et en conformité avec leur législation nationale.
En France, le CERN fait appel à l’Andra pour la prise en charge de ses déchets TFA au Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires). « Depuis 2012, l’Andra a stocké plus de 2 700 m3 de déchets TFA provenant du CERN, et nous travaillons avec l’organisation pour stocker prochainement ses déchets FMA-VC au Centre de stockage de l’Aube (CSA) […] », détaille Jean-Baptiste Rioual, chargé d’affaires à l’Andra.
Le CERN anticipe aussi la prise en charge de ses déchets futurs. Il étudie avec l’Agence les solutions pour réduire le plus en amont possible la production de déchets radioactifs et faciliter leur gestion en aval. « Il s’agit par exemple de choisir les types de matériaux les plus appropriés pour les composants qui constituent les différentes installations du CERN. Nous travaillons aussi à ce que certains composants spécifiques, qui seront à stocker, soient conçus pour répondre aux critères d’acceptation des centres de l’Andra et nous faisons en sorte de réutiliser, dans la mesure du possible, les composants activés pour minimiser la quantité de déchets radioactifs produits », conclut Gérald Dumont.
« Depuis 2012, l’Andra a stocké plus de 2 700 m3 de déchets TFA provenant du CERN, et nous travaillons avec l’organisation pour stocker prochainement ses déchets FMA-VC au Centre de stockage de l’Aube (CSA) »
L’Andra et le CERN : des sujets en commun
En 2022 une équipe de spécialistes (incendie, robotique, transfert de connaissance) du CERN a fait le déplacement au CMHM. L’objectif ? Échanger avec l’Andra autour de deux thématiques principales : les robots et la gestion du risque incendie en milieu souterrain. Cette rencontre fait suite à une visite de l’Andra au CERN fin 2021.
« Sous certains aspects, nos problématiques sont communes car une partie des installations du CERN est également située dans un environnement souterrain avec la présence
de sources radioactives » explique Guillaume Hermand, ingénieur R&D à l’Andra. Ces échanges fructueux aboutiront probablement à un prochain accord de collaboration. À suivre !