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Le Cires vu par celles et ceux qui le connaissent le mieux !

Salariés de l'Andra, élus, producteurs de déchets radioactifs, entreprises locales... Ils prennent la parole pour nous raconter leur histoire commune avec le Centre industriel de regroupement, d'entreposage et de stockage (Cires).

Frank Duret, chef des centres industriels de l’Andra dans l’Aube

« La mise en service du centre de stockage pour les déchets de très faible activité en août 2003 a marqué la réussite d’un défi notable. Avec mon équipe de quatre personnes, je me sentais dans la peau de Numérobis, l’architecte dans Astérix et Cléopâtre, tenu d’ériger un palais en trois mois sous peine d’être jeté aux crocodiles ! Finalement, nous avons réussi à faire sortir de terre cette installation industrielle en moins de trois ans et à l’exploiter dès que nous avons reçu l’arrêté préfectoral nous y autorisant. »

« L’ouverture du Cires a provoqué un appel d’air et, l’outil créant le besoin, nous avons fait face à une demande de désentreposage massive à laquelle nous avons dû nous adapter. »

« Le Cires représente pour moi une formidable aventure industrielle, technique mais aussi de management. J’ai suivi le centre dans toutes ses dimensions. Comme chef de projet, je l’ai vu naître, comme responsable de l’exploitation, je l’ai vu grandir, comme chef du service projets, je l’ai vu évoluer et comme directeur des Centres industriels de l’Andra dans l’Aube, je continue à l’accompagner tous les jours. »

 

Éric Caradec, chargé de santé, sécurité et radioprotection au Cires

«  Je me souviens qu’à l’arrivée des premiers colis en octobre 2003, tous les bâtiments n’étaient pas terminés. La transformation du CSTFA en Cires, l’apparition de nouvelles activités de regroupement, de tri, de traitement et d’entreposage nous ont obligés à réviser nos façons de faire et à monter en compétences. Aux risques radiologiques ce sont ajoutés de nouveaux risques et problématiques spécifiques : chimiques, exposition au radon, mesure par scintillation liquide… »

« Évolution et adaptation : voilà les deux constantes de ma vie professionnelle au Cires ! »

« Je me dis que le petit frère du CSA a bien grandi, et a su profiter de l’expérience acquise et transmise par le premier centre de l’Aube. »

 

Marine Zilber, directrice des opérations au sein de la direction stratégique du démantèlement et des déchets, Orano

« Les TFA offrent la plus grande variété de déchets. À Orano, nous avons tous les animaux du zoo : des plus classiques aux plus exotiques, caractérisés à la fois par leur composition chimique, leur activité radiologique et leur nature physique. »
 
« Chaque déchet est un cas particulier, et nécessite de multiples échanges avec l’Andra. Nous sommes dans un mille-feuille d’exigences règlementaires qui se superposent les unes aux autres. Si nous sommes le client, le plus souvent les décisions reviennent à l’Andra qui est responsable de la sécurité et sûreté de ses centres. »
 
« Mon service est en contact avec les équipes du Cires au téléphone, pour discuter du conditionnement et du transport de nos déchets TFA, pratiquement tous les jours. »

 

Maud Lenormand, hygiéniste du travail – Conseillère en radioprotection chez Sanofi-Aventis

« Les déchets radioactifs TFA qui sont pris en charge par l’Andra pour être stockés au Cires sont d’abord ceux que nous produisons au quotidien et qui sont issus de nos activités de radiosynthèse et de pharmacocinétique*. C’est le cas par exemple du suivi de molécules à vocation thérapeutique lors d’expérimentations animales   grâce à un marquage par un radioélément : Carbone 14, Tritium, Zirconium 89…  Il s’agit de déchets liquides**, aqueux ou organiques, comme de déchets solides, plastiques, métaux, qui correspondent aux déchets classiques issus de nos activités de de laboratoire. Nos déchets TFA peuvent également être issus d’opérations de démantèlement (Romainville, Chilly-Mazarin, Vitry-Sur-Seine). »

« Le plus souvent ces déchets correspondent à ceux identifiés par le Guide d'enlèvement des déchets radioactifs de l’Andra pour les producteurs non électronucléaires. Il précise notamment comment ils doivent être conditionnés et étiquetés. Pour des situations particulières, par exemple des déchets radioactifs contenant des mélanges à la fois aqueux ou organiques, nous avons un interlocuteur dédié à l’Andra. En l’occurrence, nous contactons Christophe Dumas, responsable métiers Instruction des accords préalables. Depuis des années, il fait preuve d’une grande disponibilité et d’une qualité d’écoute remarquable. Tout en respectant la rigueur indispensable à la prise en charge de déchets radioactifs, il parvient toujours à trouver une solution adaptée à notre besoin. Par ailleurs, nos équipes ont pu visiter les installations du Cires, et des équipes de l’Andra sont venus visiter nos laboratoires. Ces échanges ont largement fluidifié nos relations. Dans nos laboratoires, les chercheurs comprennent mieux les contraintes et les exigences de l’Andra. »

« Sur la base de ces relations, nous avons d’ailleurs intégré en amont l’Andra à nos opérations de démantèlement de laboratoires. Ils sont les plus qualifiés pour nous accompagner et ainsi mieux anticiper les volumes de déchets. A nos yeux, loin d’être un simple « prestataire » en charge de la gestion de nos déchets radioactifs, l’Andra est un véritable partenaire, rigoureux et réactif. »

* Radiosynthèse : procédé chimique permettant le marquage de biomolécules avec un radioélément / Pharmacocinétique : étude de l’absorption, la distribution, le métabolisme, et l’élimination d’une molécule thérapeutique dans l’organisme.
** NDLR : les déchets liquides ne peuvent pas être stockés en l’état dans les centres de l’Andra, de par leur nature liquide et pour des raisons de stabilité dans les colis. Ils doivent d’abord être transformés en matières solides.

 

Nicolas Brissot, gérant d’une entreprise de maçonnerie et terrassement à Ceffonds

« Je suis arrivé sur le site du Cires avant les premiers colis. C’est Patrice Torres, actuel directeur industriel et des activités du Grand Est de l’Andra et à l’époque chef de service de la maintenance industrielle des centres de l’Aube qui m’a appelé pour réparer en urgence une fuite sur une canalisation d’incendie. Depuis je n’ai plus cessé de travailler sur le Cires. Maintenant, je coule par exemple des rampes en béton pour descendre les colis dans les alvéoles et je travaille aussi pour les sous-traitants présents sur le site. Mon entreprise est passée d’un à 25 employés. On peut dire que j’ai grandi avec le Cires. »

« C’est largement grâce à l’Andra que mon entreprise de Haute-Marne s’est fait connaître des communes de l’Aube qui font désormais régulièrement appel à nous. »

« Le Cires a été extrêmement formateur en raison de l’échelle des projets mais aussi de la méthode de travail, extrêmement rigoureuse. L’exigence de qualité de l’Andra est devenue la nôtre. L’Andra nous a conduit à adopter les normes les plus élevées en matière de sécurité, d’environnement, de qualité du travail. Pour nos autres clients, le fait de travailler au Cires est une véritable référence, un gage de professionnalisme. »

 

Lionel Huard, maire de Morvilliers

« L’accueil de ce projet était très mitigé. L’emprise des surfaces, exclusivement forestières, était déjà un crève-cœur : 71 hectares concernés dont 22 appartenant à la commune de Morvilliers. Pour nous, le problème du stockage était loin de notre quotidien. La sécurité pour nos concitoyens était notre première préoccupation. Je peux vous dire qu’au début de l’instruction du dossier, on se sent très naïf. Il vous manque beaucoup de connaissances mais vous apprenez très vite ! »

« Les plus mauvais souvenirs qui restent dans ma mémoire : l’expropriation pendant huit longs mois, le défrichement de cette forêt, les relations pas toujours à la hauteur avec les représentants, à l’époque, de l’Andra, mais aussi le blocage de la messagerie de la mairie par l’envoi démesuré de mails par les "antinucléaires" venant de toute la France... Cela vous dépasse et vous choque ! »

Le positif aujourd’hui, depuis ces vingt dernières années, reste l’activité économique que cela a apportée localement. Nos secteurs abandonnés ont ainsi bénéficié de l’emploi, du développement économique. L’Andra apporte toutes ses connaissances, ses informations continues à la population, la confiance aussi à travers le travail quotidien avec les principaux acteurs locaux, départementaux, les associations. Elle organise des visites annuelles des sites pour toutes les personnes s’intéressant de près ou de loin à cette activité, toujours à la recherche de meilleurs process. »

« Aujourd’hui, une extension va être demandée pour déplacer les dépôts de terre du Cires pour réaliser la 3e tranche prévue à l’origine du projet avec une demande d’autorisation de pouvoir stocker 300 000 m3 supplémentaires de ces déchets TFA. Cela va prolonger l’activité sur une durée 
de près de dix ans, les techniques sur les tris des déchets évoluent aussi. Les communes voisines auront ont été solidaires en acceptant de recevoir pratiquement un million de m3 de déchets, principalement issus du démantèlement des centres nucléaires. J’espère que nos futurs élus sauront à l’avenir se battre pour que cet effort soit reconnu. »

 

Retrouvez notre dossier complet - Déchets de très faible activité : gérer le présent, penser l’avenir