Quand l’Andra partage son expertise à l’international
Le modèle français de gestion des déchets radioactifs est considéré comme une référence dans le monde. Forte de l’excellence industrielle et de l’expérience acquises depuis plus de cinquante ans dans ses centres de stockage dans l’Aube et dans la Manche, ainsi que dans son laboratoire de recherche souterrain en Meuse/Haute-Marne, l’Andra partage son expertise avec ses homologues étrangers dans le cadre de missions et de programmes de coopération. Les explications de Fabien Hubert, chef du service Relations internationales.
Quelle est la politique de l’Andra en matière de relations à l’international ?

F. H. : Elle a deux principaux objectifs. D’une part, la diffusion de nos savoir-faire uniques, puisque nous avons une expertise sur une grande variété de déchets radioactifs et exploitons différents types de stockage, notamment dans le Centre de stockage de l’Aube (CSA), qui est un exemple pour beaucoup de pays. D’autre part, l’acquisition de connaissances. Ces deux objectifs sont souvent poursuivis en même temps : quand nous participons aux travaux d’organisations internationales telles que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) ou la Commission européenne, nous enrichissons notre propre réflexion tout comme nous nourrissons celle de nos interlocuteurs. Par ailleurs, la présence de l’Andra sur la scène internationale répond aussi à une demande. Il est en effet frappant de voir à quel point nos interlocuteurs étrangers se préoccupent de la question des déchets radioactifs. Lorsqu’un État envisage de se lancer dans des opérations électronucléaires, il ne se contente plus de solliciter des constructeurs de centrales, désormais il nous interroge sur la gestion des déchets. Tout le monde a réalisé l’importance de prendre en compte ce sujet de façon précoce. C’est une bonne chose.
Pourriez-vous citer un exemple de partenariat emblématique ?
F. H. : En décembre dernier, nous avons renouvelé pour cinq ans notre accord de coopération avec la Nuclear Decommissioning Authority (NDA) britannique, au sein de laquelle la filiale Nuclear Waste Services (NWS) se charge de la gestion des déchets radioactifs. Cet accord de coopération est d’une grande richesse. Il donne un cadre formel à une relation ancienne, construite par de nombreux échanges entre scientifiques et ingénieurs de part et d’autre de la Manche. Aujourd’hui, nous échangeons sur un champ très large de problématiques : stockage en surface, stockage géologique, recherche et développement, mais aussi information du public, caractérisation de site et gestion des compétences. Le secret d’un accord de coopération réussi est d’être mutuellement bénéfique. Quel que soit l’état d’avancement des projets des uns et des autres, il est toujours intéressant de croiser les regards, de comparer les approches.

L’Andra mène aussi des missions d’accompagnement à l’étranger, y en a-t-il une sur laquelle vous aimeriez revenir ?
F. H. : Je pense au projet européen auquel l’Andra participe, et qui vise à accompagner l’Irak dans la gestion de ses déchets radioactifs et de ses sites pollués par la radioactivité. La phase actuelle du projet, qui court jusqu’en 2025, se concentre sur le renforcement des compétences des agents de l’autorité de sûreté irakienne, le Radiation Protection Centre (RPC). Nous travaillons pour cela avec l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) et Expertise France. Tout en répondant à un besoin bien réel de l’Irak, cette action nous donne aussi l’opportunité de partager notre approche de gestionnaire de déchets, fort d’une approche pratique et opérationnelle, et de le mettre en regard de celle de l’ASNR, plus orientée sur les aspects réglementaires et la conformité aux normes, dans une vraie logique de complémentarité.

EURAD : un partenariat européen pour la recherche
Approfondir la coopération européenne en matière de recherche sur la gestion des déchets radioactifs : tel est l’objectif du partenariat EURAD (European Partnership on Radioactive Waste Management). Lancé en 2019 sous la coordination de l’Andra pour une durée de cinq ans, il a réuni des organismes gestionnaires de déchets, des organismes techniques de sûreté et des centres de recherche au sein de groupes de travail thématiques.
La deuxième édition, EURAD 2, a été lancée le 23 octobre 2024 pour cinq ans. L’Andra continue d’assurer la coordination de cette communauté scientifique, qui ne cesse de s’étendre. EURAD 2 réunit aujourd’hui un consortium de 143 organisations issues de 21 États membres de l’Union européenne et six partenaires internationaux. La reconduite de ce partenariat va permettre de poursuivre les avancées déjà réalisées sur des sujets tels que la gestion à long terme des stockages ou l’entreposage provisoire des déchets, et d’évoquer de nouveaux sujets : déchets issus des petits réacteurs modulaires (SMR), impacts du changement climatique sur la gestion de déchets radioactifs, matériaux innovants pour les conteneurs de stockage de déchets de haute activité, etc.
Chiffres clés 2024
visites de délégations étrangères accueillies sur les sites de l’Andra
événements internationaux (conférences, salons, etc.) auxquels l'Andra a participé
contributions de l’Andra (rencontres, publications, etc.) auprès de l’AIEA et de l’AEN
accords de coopération bilatéraux en cours avec des organismes de gestion de déchets radioactifs (Belgique, Canada, Espagne, Italie, Japon, Suisse, Royaume-Uni).
*La Hongrie a rejoint la liste en 2025
accord multipartite sur le sujet de la couverture des centres de stockage (Belgique, Espagne, Royaume-Uni)
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