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Dossier hydrogéologie : "Etre au bon endroit au bon moment", l'ambition d'une surveillance efficace de l'environnement

Pour mener une surveillance efficace des centres industriels de l’Andra dans l’Aube, une bonne connaissance des caractéristiques de l’environnement est essentielle. Cette connaissance inclut une compréhension fine du fonctionnement des nappes d’eau souterraines, un chapitre à part entière de la surveillance. Explications.

Alors que les centres de stockage de déchets radioactifs de l’Andra dans l’Aube n’étaient encore qu'au stade de projet, la surveillance de l’environnement à proximité des futurs lieux de construction des sites était déjà enclenchée. Des premières campagnes de prélèvements et de mesures ont en effet permis d’établir un état des lieux ou « état zéro de référence » de l’environnement. Autant de données qui, collectées à l’époque, contribuent aujourd’hui à suivre de façon objective l’évolution des niveaux de radioactivité, et ce pendant toute la durée d’exploitation des centres. Cette surveillance se poursuivra également après leur fermeture, pendant plusieurs siècles pour le Centre de stockage de l’Aube (CSA) et pendant plusieurs décennies pour le Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires).

Chaque année, 2 500 prélèvements sont effectués autour et à l’intérieur du CSA (900 pour le Cires) sur les différents paramètres de l’environnement : l’air,  les eaux de pluie, les ruisseaux (eaux et sédiments), les eaux souterraines, les écosystèmes terrestres, les sols,  les végétaux, la chaîne alimentaire, les écosystèmes aquatiques (poissons et végétaux) et le rayonnement gamma ambiant, sans oublier la surveillance  en continu des rejets liquides et gazeux  des centres. Une analyse fine de l’environnement qui comprend  trois principaux types de contrôles : radiologique, physico-chimique et écologique. Cette surveillance porte aussi sur tout ce qui est susceptible d’occasionner une gêne, le bruit et les vibrations des transports, par exemple.

Au total, 15 000 analyses annuelles sont réalisées sur et autour des deux centres. Les résultats indiquent un impact extrêmement faible des activités des sites sur l’Homme et son environnement. « Notre objectif est bien entendu que l’impact des centres reste le plus faible possible sur l’environnement et l’Homme et dans le respect des limites définies par la réglementation. Cette surveillance sert également à détecter toute situation ou évolution anormale », explique Sophie Dinant, responsable du service environnement des centres de l’Andra dans l’Aube.

« "Notre objectif est bien entendu que l'impact des centres reste le plus faible possible sur l'environnement et l'Homme." »

Sophie Dinant, cheffe du service environnement des centres de l'Andra dans l'Aube

Connaissance, méthode, anticipation

Sophie Dinant, responsable du service environnement des centres de l'Andra dans l'Aube
©Olivier Douard

Pour que cette surveillance soit efficace et pertinente, l’enjeu est de savoir quoi chercher et d’être au bon endroit, au bon moment. Le programme de surveillance  contrôlé et validé par l’Autorité de sûreté nucléaire) est ainsi spécifique à chaque centre. Pour l’élaborer, l’Andra tient compte, d’une part, des caractéristiques des installations de stockage et de leurs activités : nature des déchets pris  en charge, effluents liquides et gazeux, localisation des points de rejets… et d’autre part, des caractéristiques de l’environnement dans lequel le centre est implanté : géologie, fonctionnement  des nappes d’eau souterraines et des ruisseaux, conditions météorologiques, biodiversité, milieu humain. « C’est cette double connaissance qui permet  de déterminer ce qui doit être surveillé, où et à quelle fréquence. Cela implique de se réinterroger régulièrement sur la bonne adéquation du programme de surveillance, précise Sophie Dinant.  En effet, il est important de prendre en compte les évolutions dans les choix de surveillance, par exemple, les évolutions du centre, les évolutions techniques comme les améliorations de performance de mesure ou le développement de nouveaux protocoles pour la détection de radionucléides. »

Chaque année

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prélèvements

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mesures radiologiques et physico-chimiques dans et autour des centres de l'Aube

Des investigations poussées

Prélèvement effectué dans la nappe phréatique depuis un piézomètre
©Eric Girardot

L’équipe en charge de la surveillance de l’environnement compare les résultats avec les données obtenues avant la construction du centre (l’état zéro de référence), aux autorisations de rejets, aux résultats de la surveillance des années précédentes mais aussi aux valeurs habituellement rencontrées dans un environnement qui n’est pas sous influence d’une activité industrielle. En cas de résultat non attendu, l’Andra lance de nouvelles analyses, enquête et remonte à la source. Cette radioactivité est-elle naturelle ? Émane-t-elle d’une autre activité ? 

Par exemple, l’Andra détecte encore aujourd’hui des traces de césium 137 qui sont, sans aucun doute possible, imputables à l’accident de Tchernobyl en 1986. Par ailleurs, depuis 1999, des traces de tritium sont détectées dans les eaux souterraines du CSA (cf. encadré ci-dessous).

Cette présence de valeur faible et sans danger, est le fait des activités du centre. « La surveillance de l’environnement nous a permis de mettre en évidence ces traces de tritium. Les investigations qui ont suivi, ont permis quant à elles d’en connaître l’origine », explique Sophie Dinant.

L’hydrogéologie, science qui étudie les eaux souterraines, représente ainsi un vaste chapitre du plan de surveillance de l’Andra. Sur ce volet notamment, l’information et la pédagogie vis-à-vis des territoires sont essentielles. La commission locale d’information de Soulaines organise à ce titre des débats contradictoires. Le 11 décembre dernier, une réunion visait à informer le public sur le principe d’écoulement des eaux souterraines du CSA.

DES TRACES DE TRITIUM DANS LES EAUX SOUTERRAINES SOUS LE CENTRE DE STOCKAGE DE L’AUBE

Dans le cadre de la surveillance des eaux souterraines du CSA, des traces de tritium de faible niveau sont mesurées exclusivement sous le centre à certains endroits de la nappe des sables de l’Aptien depuis 1999. Les investigations, menées depuis plusieurs années, ont permis d’identifier l’origine de ce tritium. Ce dernier migre de deux ouvrages de stockage dans lesquels des colis de déchets, contenant des plaques à « repères radioluminescents » au tritium (utilisées auparavant pour les panneaux de signalisation) ont été stockés en 1994.
À noter que la valeur maximale en tritium observée dans la nappe au cours de l’année 2018 est de 4,2 Becquerels par litre (Bq/L). La valeur observée, lors de la mise en place de l’état zéro de référence, était de 4,5 Bq/L.